XIXe -XXIe siècles
Ce livre est un enquête sur l'invention de l'idée matriarcale. Immense rêverie érudite sur l'émergence du masculin à partir du règne des mères, mêlant le mythe à l'histoire, le Droit maternel de Johann Jacob Bachofen (1861) apparaît comme la plus ancienne théorie du "stade matriarcal". Pour comprendre la genèse d'une telle hypothèse visionnaire, les auteurs ont pénétré dans l'atelier du grand bourgeois savant et secret que côtoie Friedrich Nietzsche. Ils ont déchiffré, dans les archives consacrées à Bâle, ses notes de lecture et ses esquisses, parfois monumentales. C'est ainsi qu'ils présentent, entre autres, le contenu inédit d'un ouvrage antérieur demeuré inachevé, L'Ancienne Italie, où s'opère la cristallisation du système. Ce livre, fruit d'un travail d'équipe, est le premier consacré en français à la théorie de Bachofen.
L'univers de simulacres déployé par Pierre Klossowski ne se comprend bien qu'à partir de sa singulière méditation de philosophies apparemment contradictoires : Nietzsche, Sade et la tradition gnostique par exemple; ou encore, Fourier et Walter Benjamin. Les études ici réunies à l'occasion de deux expositions, à Vienne et à Genève, consacrées au dessinateur examinent cette subversion des grands ancêtres d'où est sortie l'originalité de l'imaginaire klossowskien. Elles tissent des liens entre la théorie du signe de Klossowski et sa pratique du style, entre les tableaux imaginaires qui peuplent ses récits et les dessins réels qui s'en sont évadés pour, au-delà de toute illustration, vivre de leur vie propre. Ces études visent, enfin, à dégager la cohérence d'une oeuvre qui a parfois dérouté par la multiplicité et la richesse de ses formes.
Articles de Jean-Claude Bonnet, Denis Hollier, Andreas Pfersmann, Philippe Roger, Gabriele Sorgo, Robert Pfaller, Daniel Wilhem, Jean Decottignies, Patrick Amstutz, Chantal Thomas, Françoise Levaillant, Michal Jakob, Jean-Maurice Monnoyer, Jean Roudaut, Otto Pfersmann, Laurent Jenny.
Avec les premières études industrielles présentées dans cet ouvrage, nous entrons dans le monde des artisans inventeurs de la Belle Epoque, période de primauté de la France dans le secteur de l’automobile, avec déjà un début d’internationalisation et les premières défaillances. Le tableau suivant est celui des Trente glorieuses, apogée de l’automobile française, avec toutefois des parcours très différents pour Renault, Peugeot ou Citroën et une forte concurrence étrangère installée en France (Ford et Simca), dans une période marquée aussi d’incertitudes en matière de stratégies. Tout au long de cet ouvrage, défilent les grands noms de l’automobile, alternant périodes fastes et moins fastes, mais ces études anciennes font aussi revivre des constructeurs plus ou moins oubliés comme Darracq, Mors, Brouhot, Delahaye, Latil, Mathis...
La collection “Archives économiques du Crédit lyonnais” vise à mettre à disposition d’un public s’intéressant à l’histoire ©conomique - universitaires, étudiants, hommes d’entreprise, simples amateurs - des études anciennes réalisées par le service des Etudes financières du Crédit lyonnais ; ces études portent sur des secteurs d’activité, sur des entreprises ou sr la situation économique de différentes régions du monde. Le lecteur garde le plaisir du contact direct avec des documents mis en perspective par un historien spécialiste du secteur.
Pour la distribution en France : www.harmoniamundilivre.com
L’Usage du monde est le récit d’un voyage qui dura dix-sept mois, au début des années 1950, de Yougoslavie à l’Afghanistan. Depuis trente-cinq ans il ne cesse d’inspirer les écrivains-voyageurs. La délicate préface d’Alain Dufour, l’ami éditeur, nous fait assister à la genèse et à la composition du chef-d’œuvre de Nicolas Bouvier ; un choix de lettres et de reproductions illustre l’amitié de l’écrivain et du peintre, vagabonds de par le monde. Nicolas Bouvier (1929-1998) et Thierry Vernet (1927-1993) aimaient tous deux le silence la plume à la main, pour deux usages qu’ils ont ardemment souhaités liés, puisqu’ils réalisaient un projet d’enfance commun. L’écrivain se qualifiait lui-même d’ “écrivain-voyageur” et de “chasseur d’images” : c’est en réalité un grand écrivain, dont chaque phrase, parfaite, lisse, coulante, vous saisit ou vous fait rêver. Thierry Vernet, l’artiste complice, décrit les mêmes instants, les mêmes personnages avec l’encre apparemment austère de l’intégrité. En l’honneur du 75ème anniversaire de sa création, la Librairie Droz, réédite à l’identique l’édition originale qu’elle a publiée en 1963, avec tous les dessins de Thierry Vernet.
Extraits d'un article paru dans "Le Temps" du samedi 25 septembre 1999:
Pour ses 75 ans, l'érudite maison genevoise s'offre deux bibles : son catalogue complet et "L'Usage du monde" en v.o.
DROZ EN FÊTE RÉÉDITE BOUVIER
"En octobre 1963 paraissait chez Droz la première version d'un récit de voyage destiné à devenir un livre culte : L'usage du monde, lente fermentation de dix-sept mois passés sur les routes, entre la Yougoslavie et l'Afghanistan.(...) L'usage du monde est aujourd'hui repris à l'identique sous la belle couverture à barreaux noirs dessinée par Vernet, enrichi d'une préface sensible d'Alain Dufour qui trace le portrait du futur écrivain en conteur précoce et qui évoque tous les aléas de la difficile naissance du livre, heureusement suivie d'un immédiat succès de vente. Un choix de lettres de Bouvier le montre complice en amitié et proche des siens par la pensée."
Isabelle Martin
Pour comprendre une religion, il faut penser dans la langue de ceux qui l’ont vécue. Jean Rudhardt applique cette méthode, en étudiant un champ limité de la religion grecque. Noms communs thémis signifie à peu près l’équité, hôrai, les saisons, eunomia, la bonne organisation, diké, la justice, eiréné, la paix. Ces mots nomment aussi des déesses. Les modernes sont enclins à les tenir pour des notions divinisées. L’étude des textes nous donne une autre vision des choses. Les noms de ces divinités ne signifient pas des notions mais des sentiments: ceux que l’homme éprouve quand s’imposent à lui les exigences de la justice ou de la paix.
Ce livre réunit une dizaine de romans appartenant aux littératures française, allemande, russe et "austro-hongroise", en particulier A la recherche du temps perdu, L'homme sans qualités, La montagne magique et La conscience de Zeno, qui mettent en sc¨ne, avec souvent la même lucidité, la même angoisse et le même humour, l'Europe de l'avant-guerre de 1914. C'est la notion hégélienne de conscience malheureuse qui permet de poser les problématiques communes à ces oeuvres: Historique, du rapportà une époque révolue ; sociologique, du statut ambigu de l'intellectuel, "aimant dans un champ de forces", ni maître ni esclave; politique, du refus de la "citoyenneté" hégélienne; religieuse, du mysticisme sans Dieu; psychologique, du subjectivisme et du dédoublement tragiques. Cette conscience malheureuse semble s'incarner, d'un roman à l'autre, dans plusieurs formes et techniques littéraires privilégiées: temporalité de l'éternelle attente; recours constant à l'exégèse analytique et grossissante, ainsi qu'aux équivalences paradoxales; formes originales d'intégration de l'essai à une trame narrative; cheminement plus ou moins initiatique du récit vers un dépassement de la conscience malheureuse, ce moment coïncidant, de manière paradoxale, avec les bouleversements apportés par la guerre.
En s'appuyant sur neuf auteurs et leurs oeuvres, Philippe Chardin traite dans cet ouvrage de ces romans composés après-guerre et qui se réfèrent tous à cette période perdue qu'est le début du siècle. Le climat de ces romans de la conscience malheureuse est le malaise lié à cette époque (1880-1914), qui n'était pas seulement celle de la Grande Gaieté, mais aussi et parallèlement, celle d'une vive angoisse ; époque s'achevant par la guerre, qui donna une dimension nouvelle à tous ces romans alors en gestation. Le lecteur découvrira dans l'étude comparée des neuf ouvrages (A la recherche du temps perdu, Les Thibault, L'Homme sans qualités , Les Voyageurs de l'Impériale, La Vie de Klim Samguine, La Montagne magique, Les Somnanbules, La Marche de Radetsky, La Conscience de Zeno) de nombreux points de convergence ; ainsi mettent-ils tous en scène les membres des classes dominantes et des intellectuels aisés...
C'est à une étude approfondie et magistrale de l'œuvre complète d'Alfred de Vigny que se livre André Jarry, recueil après recueil, poème après poème, récit après récit. Il retrace ainsi la courbe de l'œuvre, œuvre dans un premier temps éparpillée, jusqu'au jour où elle se risque à frôler le noyau fou de la personnalité. Les équilibres, dès lors, basculent et se succèdent, mutation lente qui dure ce que durent, et l'œuvre, et la vie. De Stello à Daphné, des poèmes du "délaissement" à la résurrection de la Maison du Berger, les étapes sont exemplaires, et les conquêtes décisives souvent enfouies au cœur du texte. La carrière, à la fin, a révélé son unité. L'œuvre, dans sa progression, est bien l'équivalent d'une cure analytique (réussie). Si Freud a tendance à juger des œuvres littéraires ou artistiques en fonction de leur contenu plutôt que de leur aspect formel, la lecture psychanalytique récente, dont André Jarry est ici un représentant éminent, renverse en quelque sorte la thèse, et juge opportun de faire retour à la beauté du texte. Le grand bénéfice de ce commentaire est de nous procurer, au-delà de l'analyse formelle des textes, un déchiffrement psychanalytique qui dégage le poétique, c'est-à-dire permet d'entendre la ligne mélodique sur fond de tensions et de détentes alternées, selon ce jeu syncopé qui caractérise le mouvement même de l'analyse.
Cet aperçu des débuts littéraires d'Edith Boissonnas a été réalisé à partir de deux sources importantes de ses archives: son Journal pour moi seule et le début de sa correspondance avec Jean Paulhan, dont l'édition critique complète est en cours. La suite de sa carrière a été évoquée au moyen d'une sélection de poèmes, tirés de tous les recueils qu'elle a publiés, jusqu'au dernier, paru dans la revue Le Nouveau Commerce en 1985. Un autre poème, de Jacques Chessex, dresse un portrait-mémoire d'Edith Boissonnas. L'évocation de Jean Borie, imprégné de l'esprit des livres et des revues de sa bibliothèque, suggère le climat intellectuel, social et littéraire dans lequel elle a vécu. Dans son introduction, Francis Persoz, recteur de l'Université de Neuchâtel, revient sur les circonstances de l'héritage d'Edith Boissonnas, dont l'Université a bénéficié, et énumère les mesures prises pour le sauvegarder. L'ensemble du volume d'Hommage à Edith et Charles Boissonnas est illustré au moyen de documents tirés des archives ou de la bibliothèque d'Edith.